CITIZENFOUR

CITIZENFOUR, 

où l’institutionnalisation de l’atteinte au respect de la vie privée

Ca commence comme dans un film d’espionnage en pleine guerre froide. L’histoire est classique : une rencontre avec un agent qui a des révélations à faire en matière de secret défense. Le format est connu : des noms de code et, sur un écran d’ordinateur, une correspondance cryptée, un défilé de caractères jaunes sur fond noir. Pourtant, la fiction laisse vite place à la réalité. 

Ce documentaire retrace l’histoire, vraie, du système de surveillance mondiale et généralisée mis en place par l’Agence américaine de sécurité (NSA) qui, au nom de la sécurité nationale, a espionné les conversations de millions de citoyens et d’organisations. On y découvre comment cet organisme d’Etat a recueilli et stocké, en toute illégalité, une quantité sans précédent de données privées, dans une opération d’une telle ampleur que mêmes les plus hautes autorités de certains Etats ont été mises sur écoute. 

L’intérêt du documentaire réside dans son narrateur puisque c’est Edward Snowden lui même. Pendant plusieurs jours, on le suit depuis la chambre d’hôtel où il est caché à Hong Kong quand le scandale éclate. L’histoire est connue, on sait ce que cet ancien informaticien de ancien employé de la CIA et de la NSA va nous dévoiler. Et pourtant, lorsqu’il apparaît à l’écran, ce qui frappe, c’est son aspect juvénile. Difficile alors d’imaginer que, avec ses allures de gendre idéal, ce jeune homme de 29 ans va nous faire la démonstration que, derrière les atteintes à notre vie privée, ce sont les piliers de nos démocraties qui menacent de s’effondrer, et d’entrainer avec eux nos  libertés les plus fondamentales.